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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Publié le par Ansible
Publié dans : #Films
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Voici le film pop-corn de cet été. Grâce à une belle affiche et à une bonne bande-annonce, ce long métrage a piqué notre curiosité. Une classe de lycéens américains s’apprête à prendre l’avion pour un séjour à Paris. Mais Alex (l’un des lycéens), dans une prémonition, voit l’avion exploser en vol. On l’expulse de l’appareil avant le décollage, ainsi que cinq de ses camarades et un professeur. L’avion explose, comme l’a vu Alex. Pas de survivants. Mais la Mort n’a pas eu ce qu’elle voulait et va s’appliquer à réparer l’erreur. Ce scénario, développé par des anciens de X-Files, aurait pu faire un bon épisode de la série. Même avec cet air de déjà-vu, le postulat de départ reste intéressant. Le film aurait gagné avec une ambiance un peu plus oppressante. Le rythme est assez enlevé, car les péripéties et les fausses pistes sont nombreuses. Devon Sawa est plutôt convaincant en adolescent sans traits particuliers, sinon celui d’être prévenu des prochains agissements de la Grande Faucheuse dans cette ténébreuse affaire.
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Un point qui reste agaçant : les clichés sur la France (deux-chevaux, béret, baguette, bal-musette…) qui perdurent. Interrogé sur cette scène, le réalisateur a déclaré que c’était « l’image qu’en avait son public » (c’est-à-dire les adolescents boutonneux américains). Moi aussi ça m’énerve.


Spooky.

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Films

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Daredevil est le héros du comics éponyme créé par Stan Lee et Bill Everett dans les années 1960. C’est aussi désormais un film à gros budget de la Fox, qui, après X-Men, s’est dit qu’il y avait un bon filon à exploiter. A l’origine du projet, Mark Steven Johnson, un jeune fan qui a assailli pendant de nombreuses années les pontes de Marvel et du studio hollywoodien pour porter à l’écran sa vision du personnage sans peur et sans reproche. 

Matt Murdock (Ben Affleck), un avocat aveugle, décide de devenir le justicier de la nuit, surnommé Daredevil. Il rencontre Elektra Natchios (Jennifer Garner, Alias, OH MY GOD !!), fille d’un milliardaire trempant dans le crime organisé, et en tombe éperdument amoureux. Le Caïd, parrain de la mafia new-yorkaise (interprété avec délectation par Michael Clarke Duncan, La Ligne Verte, La Planète des Singes), décide de faire supprimer Nikolas Natchios, le père d'Elektra, par BullsEye, capable de tuer n’importe qui simplement en lançant une carte à jouer. L’arrivée de Daredevil sur les lieux provoque la confusion dans l’esprit d’Elektra, qui croit qu’il est le meurtrier de son père.
On le voit, la trame est classique, et la compréhension du spectateur lambda n’est pas altérée par des digressions, sauf sur un point. On passe du petit Matthew qui pleure la mort de son père abattu par la mafia à un homme en costume rouge bordeaux qui virevolte, et trucide les méchants... Quid de sa “transformation” en justicier de la Nuit ? Dommage pour un film d’exposition sur un super-héros... Mais le fan de comics ne peut qu’être déçu ; tout d’abord par l’abondance d’effets spéciaux et de style alourdissant les scènes de combat de manière injustifiée. Effet Spider-Man ? La scène de la “rencontre” entre Murdock et Elektra est sympathique, mais là, non plus, ne se justifie pas autrement que par une volonté d’en donner pour son argent au spectateur. Car malheureusement, Daredevil, ce n’est pas ça. Le héros (et surtout pas super-héros) créé par Stan Lee dans les années 60 est un homme tourmenté, cynique souvent, mais pas ce frimeur qui abuse de ses sens super-développés... Pour un “fan”, Johnson donne l’impression de ne pas avoir tout compris au comic, ce qui est tout de même fâcheux... A l’opposé du spectre, Bryan Singer, qui n’avait pas lu une seule page des X-Men avant d’en réaliser l’adaptation, a mieux réussi son coup !

Voilà pour le gros côté négatif du film ; ah si, il y en a un autre. Ben Affleck. Comment prendre au sérieux un mec qui se balade en levant les yeux au ciel pour simuler la cécité, et comment prendre au sérieux quelqu’un qui vit avec Jennifer Lopez, et qui enfile sa tenue aux petites cornes rouges pour l’exciter, pour un héros tourmenté ? Pas évident hein... Affleck affole juste les filles dans son costume moulant (tout juste correct), et attire les foules avec son nom en gros sur l’affiche, c’est tout. Le reste du casting est composé de Colin Farrell (Minority Report), qui cabotine à mort en tueur barjot, ou encore Jennifer Garner, incarnation physique presque parfaite d’Elektra, à tel point qu’un Elektra est en préproduction à l’heure où je tape ces lignes. L’orientation pop-rock de la musique est plutôt bien choisie, même si les morceaux eux-mêmes ne sont pas les meilleurs du genre. En ce qui concerne les effets spéciaux, les éclairages, comme je l’ai dit plus haut, ils sont assez décevants et utilisés à mauvais escient (Daredevil se déplace comme Gollum dans Le Seigneur des Anneaux !). Le tout manque de fluidité, ce qui faisait la saveur des dessins de John Romita Jr...



Malgré ces faiblesses évidentes, le réalisateur n’oublie pas de citer les différents artistes qui ont concouru au succès du comic : Romita Jr, Miller, Mack... Même Stan Lee en personne apparaît dans une scène, comme dans tous les films adaptant des comics Marvel ! Le succès du film annonçait une franchise ; heureusement Johnson n'a pas fait de suites, mais on ne parle plus de Daredevil au cinéma depuis cette date...

Spooky.

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Films



Au cinéma, les films de science-fiction se partagent souvent entre deux catégories : les gros films à l’action omniprésente, avec une part belle aux effets spéciaux, et au combats. A l’autre bout de la chaîne, vous trouvez les fables philosophiques, où les intrigues laissent la part belle à la réflexion (Bienvenue à Gattaca, Cube, par exemple). Et souvent les fans du genre se disputent sur les intérêts et les mérites des deux écoles. Les Chroniques de Riddick se réclame de la première catégorie. Il y a cinq ans, un petit film débarquait sur les écrans pour nous faire découvrir un personnage hors normes dans la paysage de la SF. Ce film s’appelait Pitch Black. Et le personnage principal Riddick. Un authentique rebelle, un gars qui n’aime personne, un dur de dur qui voudrait vivre tranquille, avec ses propres règles. Cet asocial nyctalope fut obligé de s’allier à ses ennemis pour survivre à des monstruosités sans nom.

Cinq ans plus tard, Riddick est la proie de chasseurs de primes payés par les dirigeants d’une lointaine planète. Cette planète est sur le point de tomber sous le joug de moines-guerriers qui asservissent sans répit des planètes entières. Leur nom ? Les Nécromongers. Leur Guide suprême est allé dans l’Underverse, et en est revenu avec d’immenses pouvoirs, ainsi que le sentiment d’un devoir messianique. Mais une prophétie dit que seul un habitant de la planète Furia pourrait faire tomber les Guides suprêmes, et, de ce fait, arrêter le pélerinage sanglant de ses disciples. Car le refus de conversion d’une planète provoque sa destruction complète. C’est pourquoi les Nécromongers ont détruit sans répit toute trace de vie sur cette planète. Mais Riddick, qui ne sait rien de ses origines, pourrait bien être l’un des derniers survivants de Furia. Seulement voilà, il s’en fiche, le Riddick. Jusqu’au moment où un imam, sauvé dans Pitch Black, et devenu l’un des amis de Riddick, meurt sous ses yeux face aux Necromongers. De plus, une jeune fille que le Furian a connu cinq ans plus tôt, Jack, a été enlevée par des chasseurs de primes pour être emprisonnée sur une lointaine planète hospitalière...

Vous l’aurez compris, le film est très dense. Trop même. C’est son principal défaut. On a l’impression de changer de décor, de sauter des centaines d’années-lumière sans transition. Les événements s’enchaînent très vite, trop vite parfois, pour qu’on aie l’impression de fluidité que l’on peut avoir dans Alien, par exemple. Certes, les effets spéciaux sont impeccables, l’aspect visuel du film est extrêmement soigné, ce qui donne envie au spectateur d’en découvrir plus sur cet univers. Vin Diesel (xXx, Fast and Furious...) est un brin poseur, mais que peut-on attendre d’un héros solitaire et ronchon ? Et puis, reconnaissons-le, le personnage de Riddick est l’un des plus intéressants du cinéma de genre, aux côtés de Snake Plissken. La distribution est convaincante (mention spéciale à Thandie “Mission Impossible 2” Newton, en femme manipulatrice à souhait, et surtout à Karl Urban -découvert dans Le Seigneur des Anneaux- sous-exploité en Vaako, l’un des chefs necromongers. On suivra avec intérêt la suite de la jolie Alexa Davalos, qui joue Jack/Kyra, et dont la photogénie est plutôt agréable. Les scènes d’action sont enlevées, mais on ne voit pas trop l’intérêt de faire une redite de la scène centrale de Pitch Black, même si elle est techniquement superbe... Twohy a bien sûr écrit le scénario avec les frères Wheat, qui avaient imaginé Pitch Black, mais avec le renfort de David Hayter (X-Men 1 et 2, Watchmen...), Akiva Goldsman (I, Robot, Peur Bleue, Lost in Space, et 2 des anciens Batman). Necromongers, Elementalistes, Furians, une géopolitique et une ethnologie comparable à celle de Star Wars se met en place. Baroque, épique, nerveux et sombre, les adjectifs excitants s’accumulent pour qualifier Les Chroniques de Riddick, malgré le côté confus et dense de l'intrigue.


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On a hâte d’en savoir plus, surtout si David Twohy, le réalisateur, met à éxécution son plan initial de réaliser un quadrilogie, le prochain film nous parlant de l’Underverse, le dernier montrant le retour de Riddick sur sa planète natale. Pourquoi pas, si Vin Diesel reste dans le projet, et surtout si Twohy dépouille quelque peu son style narratif des redites et lourdeurs sans intérêt, car c’est un scénariste et un réalisateur intelligent, voire doué (on recite Pitch Black, mais aussi l’honnête The Arrival, et aussi Abîmes, histoire de fantômes en milieu clos). A noter, pour les amateurs, la sortie récente en video de Dark Fury, un court-métrage d’animation racontant une aventure de Riddick, réalisé par Peter Chang, qui a commis les meilleurs courts-métrages de Animatrix.

Spooky
 

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Films


 

Les deux grandes passions du cinéaste Hayao Miyazaki sont l’écologie et l’aviation. On s’en rend compte dans Laputa - Le Château dans le Ciel, l’un de ses premiers films, réalisé en 1986. La France a (re)découvert ce formidable cinéaste au travers de ses deux derniers films, Le Voyage de Chihiro, et surtout Princesse Mononoke. Du coup, ses distributeurs européens ont décidé de ressortir ses anciens longs métrages d’animation. Celui-ci narre la rencontre de Pazu, petit garçon travaillant dans une mine, avec Shihita, une petite fille qui descend littéralement du ciel. 

Celle-ci, poursuivie par de drôles de pirates de l’air et des hommes de l’Armée, semble avoir un rapport avec une mystérieuse ville flottant dans les cieux, et que le père disparu de Pazu, aviateur, a photographiée. Loin du symbolisme de Mononoke ou de la théologie polythéiste de Chihiro, Le Château dans le ciel n’a d’autre ambition que d’être un film d’aventure, au sens noble et pourtant classique du terme. Une quête, un idéal, des fâcheux, la pureté et l’innocence de l’enfance, le rêve, telles sont les caractéristiques de cette invitation au voyage, que l’on ne saurait décliner, malgré le vieillissement de l’animation et l’aspect comique de la plupart des personnages.
Spooky

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Films


Au Japon, Hayao Miyazaki est un demi-dieu. En France, il commence à être connu grâce à des titres comme Princesse Mononoke, Le Voyage de Chihiro ou Mon Voisin Totoro, et d’une exposition de son oeuvre, conjointe à celle de son ami Moebius, autre géant des univers dessinés.  

Le Château ambulant, précédé d’une flatteuse réputation, est donc sa dernière création à débarquer sur nos écrans. Cette adaptation d’un roman fantastique anglais de Diana Wynne Jones (Howl's Moving Castle, édité en France sous le titre de Le Château de Hurle) nous conte l’odyssée de la jeune Sophie et d’un sorcier, Hauru. Sophie est une jeune (18 ans) chapelière qui croise un jour la route d’un sorcier, Hauru. Mais la Sorcière des Landes, jalouse, lui jette un sort, et Sophie se retrouve dans le corps d’une mamie de 90 ans. Fuyant la ville pour éviter la honte, et rejoint, presque par hasard, le château ambulant d’Hauru, assemblage hétéroclite de maisonnettes, bunkers, cheminées, etc., mû par un démon du feu. Sophie entre au service d’Hauru, espérant qu’il pourra le délivrer du sort qu’on lui a jeté. Le reste du film, malheureusement, sombre dans une suite de scènes quelque peu confuses. Hauru disparaît régulièrement, apparemment pour participer (mettre fin ?) à la guerre qui vient d’éclater au-dehors. Sophie rajeunit de temps en temps, apparemment lorsqu’elle parle d’amour. Mais cela ne semble pas très cohérent. De plus, plusieurs personnages apparaissent, sans qu’on comprenne réellement leur utilité, ni même leur positionnement exact. Peut-être cette fois-ci a-t-on un “effet The Grudge” inversé : l’introduction de symbolisme oriental dans un conte anglais nuit à sa lisibilité.


Alors bien sûr, on ne peut, malgré cette gêne quant à l’histoire, manquer de la regarder avec des yeux d’enfant. Car Miyazaki instille toujours une certaine poésie dans ses films. Son amour du beau s’exprime non seulement dans les décors, les paysages, extrêmement léchés, mais aussi sur les personnages (Hauru est androgyne, Sophie, bien que “très âgée”, reste belle...). Il y a aussi une inventivité, des détails qui rendent l’univers du film charmant : le démon du feu, l’épouvantail... Et toujours, Miyazaki oblige, une attirance folle pour la nature et la sérénité, au détriment des machines, de la guerre... Mais là où ces messages sont clairs dans Mononoke ou Chihiro, c’est plus ambigu dans Le Château ambulant... ce qui a un peu gâché mon plaisir. 

Spooky.
 

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Films
LA QUADRATURE DU CERCLE


Hollywood aime les remakes, remakes de films étrangers, remakes de ses propres classiques... La seule excuse que je puisse trouver à cette singulière habitude, c'est qu'à force de creuser les mêmes thèmes, tôt ou tard, une pépite émerge de la fange. Les filons sont tout de même très rares, comme chacun sait. Il arrive qu'un remake soit meilleur que l'original, il arrive qu'il soit équivalent, et il arrive aussi que l'humble spectatrice que je suis n'ait aucun moyen de comparer l'œuvre et sa copie, parce qu'elle n'a jamais vu la première.
Alors je l'avoue lâchement : je n'ai pas vu Ring ; il m'est donc impossible de préjuger de l'utilité de son remake intitulé (comme c'est original) Le Cercle / The Ring, en français dans le texte. J'ai découvert le film en toute innocence. Tel qu'il est, sans aucun background éclairant sa genèse, il me semble plutôt bien fichu. C'est un thriller fantastique qui tourne autour d'une mystérieuse cassette vidéo semant la mort parmi ses spectateurs (dont nous sommes, évidemment, vive la mise en abyme !). Le film est travaillé, un peu trop sans doute, et génère par son concept même ses propres limites : les héros ont 7 jours pour découvrir l'énigme qui se cache derrière la cassette, et ainsi échapper à leur funeste destin. Nous suivons l'enquête de la journaliste Rachel Keller (Naomi Watts), personnage principal. Cette dernière a d'excellentes raisons de trouver le fin mot de l'histoire ; non seulement elle a visionné la fameuse cassette, mais son ex petit ami (Martin Handerson) et surtout son fils en ont fait autant.

C'est donc à un terrifiant compte à rebours que nous assistons. Le spectateur un tant soit peu attentif possède parfois une longueur d'avance sur Rachel, ce qui pour un suspense pose quand même quelques problèmes. Cependant, l'atmosphère du film est intrigante. Refusant obstinément les facilités du grand spectacle, dosant avec un soin extrême les effets sanglants et/ou effrayants, le réalisateur Gore Verbinski réussit à instiller le doute sur la caractérisation de son film. Est-ce réellement une histoire fantastique ? Est-ce un thriller psychologique qui reproduit l'évolution intérieure du personnage principal au travers d'images faussement surnaturelles ? Je me suis posée la question durant la première moitié du film. La cassette vidéo, dont le contenu est paradoxalement assez décevant et dont les images guident (ou égarent ?) Rachel dans sa quête, possède bien une existence physique, mais elle est aussi l'émanation d'un esprit. Ce pourrait être, cet esprit, celui de Rachel confronté à ses propres incapacités, mais non : nous avons affaire à un véritable film fantastique. Le secret de la cassette est ignoble et, pour une bonne part, incompréhensible. Rachel n'en est qu'une victime parmi d'autres, parmi tant d'autres... 

Son enquête, comme je le disais un peu plus haut, manque de crédibilité. Elle semble parfois rater des indices qui frappent le spectateur de leur évidence, tout en osant dans le même instant des rapprochements dignes d'une véritable spirite. Certains plans du réalisateur sont très inspirés. Difficile de faire du neuf en matière de frayeur, et pourtant, Verbinski parvient à surprendre notre œil bien rôdé en inversant les points de vue. Nous aurons ainsi quelques flashes-back des morts horribles du film, morts que le réalisateur ne nous a jamais montrées, mais que Rachel a vues devant nous. Les images qui sont restées gravées en elle et dont le seul témoignage était pour nous son visage terrifié, surgissent ensuite dans le film comme des extensions de la cassette vidéo. Images réelles, images inscrites sur l'écran à l'intérieur de l'écran, nous ne faisons plus la différence parce que Rachel elle-même les confond. Ainsi, quelque chose que nous n'avons JAMAIS vu revient nous hanter. N'est-ce pas une merveilleuse métaphore de l'histoire ? Cela témoigne en tout cas d'un art du montage assez impressionnant. La fin est quant à elle, totalement surprenante, sauf si l'on a vu l'original, mais dans ce cas, je vous le demande, pourquoi aller voir celui-là ?

Ah, si, il y a au moins une raison de retourner subir une deuxième fois cette histoire mouvante et ténébreuse : l'actrice. Verbinski a décidé d'utiliser Naomi Watts dans un rôle banal, presque caricatural tant il est elliptique et sans substance. Il n'a pas pris n'importe qui. Naomi Watts, blonde actrice australienne, a littéralement explosé dans le dernier opus de David Lynch, Mulholland Drive, où elle incarnait le personnage le plus complexe, et donc le plus intéressant d'un film à tiroirs de toute beauté. Bien sûr, aucune comparaison ne se justifierait entre ce chef-d'œuvre et Le Cercle. Cependant, ils ont un point commun, leur interprète principale, et c'est à souligner pour plusieurs raisons qui toutes tiennent du subconscient. Le personnage de Rachel Keller est une coquille vide ; journaliste que l'on devine ambitieuse, mais sans véritable réussite professionnelle au vu de son bureau, mère dépassée d'un enfant qui joue à la maison le rôle de l'adulte, elle navigue dans son propre monde, où ses fantasmes et la réalité ne font qu'un. Dans ce monde, les enfants acceptent la mort et restent à leur place, elle-même se fraye un chemin sans se retourner, et son ex petit ami ne réapparaît pas. S'il devait le faire, ce serait signe qu'elle a échoué à survivre.
Tel est l'univers de Rachel, univers dans lequel aucune place n'est prévue pour l'affect. La mort de sa nièce, victime de la cassette vidéo, n'ébranle en rien ses certitudes. Elle poursuit son bonhomme de chemin, constatant une fois de plus que les petits garçons sont décidément des êtres très étranges qui prédisent la disparition des gens avec une semaine d'avance, et déterminée à ne surtout pas en tirer de conclusion. Des conclusions, cependant, elle devra très vite apprendre à en forger. La perspective de sa propre mort, inévitable, amène bientôt la question de ce qu'elle sera prête à croire pour sauver son fils. C'est à cet instant que le personnage de Rachel devient "fort". Elle n'est pas n'importe quelle femme, elle est celle qui se trompe sur tout, toujours et partout, et d'abord sur elle-même. Naomi Watts réussit le tour de force d'insuffler à cette caricature le mélange de naïveté et d'audace qui nous rappelle que Rachel est bien l'enfant du couple qu'elle forme avec son fils. D'une sobriété rare, courant après son souffle, perpétuellement sur une corde raide intérieure, l'actrice se contente de donner chair, sa chair, au personnage. Elle en fait une innocente, une âme pure. Une âme d'enfant. Les visions surréalistes de la cassette trouvent un écho sur son visage qui se "spectralise" davantage à chaque impasse.


Si elle découvre la solution, si elle l'applique, c'est avec la même détermination et la même cruauté qu'un enfant. Ou qu'une femme, bien entendu, une femme au bord de tout perdre. De bout en bout, elle est demeurée la même. Ce qu'elle a cru comprendre s'est avéré aussi illusoire que le reste. Son voyage intérieur s'achève là où il a commencé : avec son fils, dans l'incompréhension totale et réciproque qui les sépare inéluctablement. C'est en ce sens que Le Cercle n'est pas un film hollywoodien ; ça n'a rien à voir avec l'absence de happy end. C'est un film sur la solitude, sur la solitude atroce et absolue de chacun d'entre nous. Rachel le savait depuis le début. A présent, cette connaissance est partagée par son fils, et devient de ce fait, insupportable. Réunis parce qu'ils savent la vérité sur la cassette, ils n'ont jamais été aussi éloignés l'un de l'autre dans le monde réel. Et alors la cassette, instrument de mort, devient leur lien avec la vie.
Ironie dernière d'un film qui n'en manque pas.

Bérengère.

 

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Films
CHATTE SUR UN TOIT BRANLANT



Avant d’aller voir le film, j’ai marché dans le caca. Prémonitoire ? Possible. Car Catwoman est de loin le film de super-héros le plus nul que j’aie jamais vu. Patience Phillips est designer pour hedare, marque toute-puissante de cosmétiques. Elle découvre que le futur produit-star, “Beau-Line”, censé rajeunir et raffermir la peau, est en fait un produit hautement toxique à moyen terme. Elle tente de s’échapper du siège, mais les sbires de son patron la propulsent avec les déchets dans la rivière. Noyée, elle revient à la vie grâce à des chats qui ne font que la regarder. Elle se trouve du coup investie de facultés d’agilité et de vision typiquement félins. Le film tenait la route le temps de la première bobine. C’est à partir du moment où l’histoire verse dans le fantastique que le n’importe quoi s’installe : raccourcis narratifs incompréhensibles, dialogues indigents, le tout filmé avec les pieds. Oui, oui, avec les pieds. Pitof, déjà auteur du calamiteux Vidocq, nous propose des plans de coupe anti-rythmiques, un montage qui fait mal à la tête, et une direction d’acteurs qui laisse à désirer. Car on aurait pu attendre mieux de Lambert Wilson, dans la foulée de sa prestation des deux derniers Matrix, de Sharon Stone, que l’on ne présente plus mais qui est ici transparente comme du verre, et surtout de la délicieuse Halle Berry (X-Men...), qui en fait des tonnes (comme les chats) dans le rôle-titre. Pêle-mêle, voici quelques “ratés” du film : Berry enfourche une moto tête nue, puis on la voit avec un petit casque de scooter goûter aux joies de la vitesse. le plan d’après, la moto s’approche et elle a perdu son casque ! Les ravages de la vitesse, sans doute... Passons sous silence l’inutilité de la scène. Catwoman/Patience sort avec/affronte un flic débonnaire, joué avec mollesse par Benjamin Bratt, ancien petit ami de Julia Roberts. On essaye de nous faire aimer le flic, qui fait de la prévention dans les écoles et fait preuve d’héroïsme à la Foire aux Plaisirs, mais l’ensemble sonne complètement faux. Par ailleurs, lorsque patience découvre ses pouvoirs, sa maîtrise est instantanée. Pas de temps d’adaptation, comme chez Spider-Man. les scènes où on la voit sauter d’un toit à l’autre font pitié, car on voit presque les câbles ou la créature numérique qui la remplace. Autre exemple, dans une scène, Pitof insère trois plans de coupe sans rupture de temps, avec un personnage qui regarde dans trois directions différentes, sans que l’on voie de transition. Le personnage est un chat au repos. Parlons-en, des chats. Il y en a quelques-uns dans le film, mais ils ne sont pas vraiment mis en valeur. sans parler du minou numérique qui fait la bise à Halle Berry au début. Je me serais bien déguisé en chat, moi.




L’image, quant à elle, est d’une laideur indigne d’une super-production. Souvent surexposée, presque toujours granuleuse, la recherche d’ésthétisme est proprement ratée. Le naufrage n’est pas total, cependant. La musique est cool, du moins au début. Halle Berry, même habillée avec un sac de patates, et un entonnoir sur la tête, reste mignonne. A ce sujet, l’actrice a déclaré, qu’elle s’est retrouvée à plusieurs reprises dans des situations “à la janet Jackson”. dommage qu’on ne les aie pas conservées au montage, ça aurait pu remonter l’intérêt du film. d’un autre côté, les acteurs sont tous mal, voire très mal habillés. Voir Halle Berry se friter, elle la sex-symbol des années 2000, avec Sharon Stone, autre icône des années 1990, relève du fantasme de tout mâle âgé de plus de 12 ans normalement constitué. La sensualité, hélas, est absente, même si Catwoman ondule délicieusement dans sa tenue moulante et lacérée. Le film est ainsi globalement drôle, tellement le sérieux affiché se télescope avec la nullité artistique. Bref, c’est moche, c’est idiot, mais si vous aimez vous marrer, il y a de quoi faire. Si ma chronique vous a semblé sans ni queue ni tête, c’est normal, elle est à l’image du film. Spooky.
 

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Films
LE COBAYE 3


« Librement adapté de la BD Blueberry », nous dit-on pendant le générique du film du même nom. Très librement, pourrait-on dire, car le long métrage de Jan Kounen n’a pas grand-chose à voir avec les deux albums de Charlier et Giraud censés avoir été adaptés. Seuls subsistent les personnages et un semblant de trame. Ainsi nous retrouvons-nous dans une petite ville de l’Ouest typique, où Blueberry, Marshall de son état, s’efforce de faire régner l’ordre avec l’aide de son vieil ami Jim Mc Clure (Colm Meaney, The Van). Mais la découverte de montagnes soi-disant remplies d’or par un marginal prussien va changer la donne. Et faire rejaillir le passé du Marshall, qui a autrefois été initié aux rites chamaniques des Indiens du coin. Cette intrusion des sciences occultes sert d’alibi à Kounen, qui en fait deux séquences très impressionnantes. Orientation surprenante, mais surtout très discutable, car Blueberry est avant tout un western très classique (je parle de l’œuvre originale), utilisant tous les codes du genre. Là on a droit à un western qui bascule dans le trip new age, où l’on fait pas mal l’apologie de l’affirmation du surmoi, de la conscience totale, bref, des paradis artificiels. Les séquences oniriques ne sont certes pas trop mal faites, mais complètement décalées par rapport au sujet et trop longues (surtout la seconde). Cela pose problème dans le film, on en sort consterné. Passons sous silence (et puis non, tiens) la scène où Cassel nage sous l’eau avec une Juliette Lewis complètement nue, avec des plans où elle ne cache absolument rien de ses charmes juvéniles (d’un goût douteux, quand même). 

Enlevons à présent cette demi-heure de délire due à la fumette et penchons-nous sur le reste. On a quand même droit à un western classique, avec fusillades, vengeance froide, histoire d’amour et beaux paysages (vive le Mexique !). Le tout est plutôt bien filmé, pas mal joué et pas trop mal illustré par la musique. Au niveau du casting, le choix de Vincent Cassel (La Haine, Les Rivières pourpres…) a d’abord fait hurler les puristes (rappelons que le personnage de BD était physiquement –au départ- inspiré de notre Bébel national - hélas, quand Kounen l’a appelé, il avait débranché son portable pour suivre Roland-Garros avec son toutou). Contre toute attente, il se révèle plutôt convaincant, ainsi que ses camarades (Michael Madsen, Reservoir Dogs, est très bon en méchant, Juliette Lewis aussi –on se croirait dans un Tarantino, non ?).


Un oubli scandaleux : le regretté Jean-Michel Charlier, créateur et scénariste des meilleurs albums, n’apparaît pas au générique, à l’inverse de Jean « Moebius » Giraud, lui-même schizophrène littéraire et chantre du new-age outre-Atlantique. Ce qui lui a permis de parader sur nombre de photos de production du film. Une outrecuidance assez crasse, je trouve. En résumé, Blueberry – L’Expérience secrète est un film déroutant, pas franchement mauvais, mais ouvertement schizophrène et pro-drogues douces. Les fans de western et de BD se sentiront trahis, sans aucun doute.
T’en veuuuuuuuuuuuuuux ?
Spooky

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Films
LUMINEUX MAIS PAS SANS TACHES


Un beau matin, au sortir d’un rêve agité, Joel Barish se réveille seul et déprimé. Il lui manque quelque chose, quelqu’un… Sur un coup de tête, il décide de sécher le boulot pour se rendre à la plage de Montauk. Il y croise une jeune fille qui lui plaît mais que sa timidité maladive et son humeur morose l’empêchent de draguer. Heureusement, la demoiselle est plus entreprenante que lui. Elle aussi est venue chercher sur cette plage quelque chose qui lui manquait, ce matin-là… Pourquoi ces deux-là ont-ils précisément choisi, le même jour, cette petite plage triste pour tromper leur ennui ? N’en disons pas plus sur l'histoire ; avec un peu de chance, l'effet de surprise restera intact pour les 2 ou 3 personnes qui n’auraient encore rien lu sur Eternal Sunshine of the Spotless Mind avant d’aller le voir.

De Dans la Peau de John Malkovich à Adaptation en passant par Human Nature, le scénariste Charlie Kaufman s’est fait une spécialité des intrigues à rebondissements multiples, généralement centrées autour d’une idée un peu tordue. Cette volonté d’étonner constamment le spectateur est appréciable ; néanmoins, il faut reconnaître que ça reste du cinéma-gadget, des petits films qu’on trouve rigolos la 1ère fois mais qui ne résistent jamais à un second visionnage : une fois que l’effet de surprise ne joue plus, le film perd presque tout son charme.

Le "gadget" d’Eternal Sunshine of the Spotless Mind est, à vrai dire, presque banal : la manipulation de la mémoire est un thème classique de la S.-F. L’originalité est de ne pas utiliser ce thème pour nous transporter en 2070 et parler de robots à qui l’on a implanté des souvenirs d’êtres humains, ou d’ouvriers qui rêvent d’avoir été agents secrets sur Mars, mais pour raconter une histoire d’amour contemporaine. Articulée autour d’une rupture, comme le récent 5x2, l’histoire du film est empreinte de tristesse et de mélancolie mais sans pour autant avoir le ton profondément noir du film d’Ozon : plutôt que de s’acharner à montrer que non, les hommes et les femmes en couple, ça ne marche pas, c’est voué à l’échec, Gondry et Kaufman s’attachent à toutes ces choses qui font que l’amour est beau même s’il est triste, à tout ces jolis moments d’intimité et de bonheur que peuvent partager deux êtres malgré tout ce qui, par ailleurs, ne fonctionne pas entre eux. Et la grande force du film, dans le fond, c’est de parvenir à être beau, aussi bien dans son propos que dans ses images, sans pour se réduire à un joli petit bibelot décoratif, sans verser dans l’abondance de bons sentiments gnangnans, sans nous faire le coup des "si mignonnes petites choses de la vie" qui fit le succès d’Amélie Poulain. Cela dit, et en espérant ne pas gâcher le suspense, à trop vouloir en faire dans le genre "histoire d’un bel amour que rien ne pouvait faire disparaître", la conclusion est un peu décevante parce que trop "hollywoodienne".

Visuellement, le film est réussi, mais l’on peut reprocher à Gondry d’abuser un peu de certains effets spéciaux. Les scènes d’effacement et d’effondrement de la mémoire deviennent ainsi assez redondantes au bout d’un moment : deux ou trois fois, ça va, mais cinq ou dix fois, on a envie de dire "Bon, on a compris maintenant, trouve autre chose !".

Le tic habituel des scénarii de Kaufman s’estompe quelque peu : plutôt que d’imposer tous les quarts d’heure un retournement de situation tiré par les cheveux, Gondry et Kaufman préfèrent ici dérouter le spectateur par des allées et venues dans le temps, en fournissant dans le désordre les différentes pièces du puzzle que constitue l’histoire. La sensation de se laisser embarquer doucement dans une affaire étrange à laquelle on ne comprend pas tout dès le début est plutôt agréable, et l’on prend plaisir à assembler soi-même les éléments de l’intrigue au fur et à mesure qu’il nous sont proposés.

Le casting ne fait pas vraiment d’étincelles, malgré le nombre de visages connus qu’on retrouve dans le film ; sans être mauvais, ils sont quand même un peu tous en mode "pilote automatique". Dans les rôles principaux, Kate Winslet nous rejoue un mix de ses précédentes compositions d’éternelle ado un peu excentrique (à bientôt 30 ans, il faudrait qu’elle demande à son agent de commencer à lui chercher des rôles d’adulte de temps en temps), tandis que Jim Carrey offre une légère variante de son personnage de gentil garçon qui voit son monde s’écrouler autour de lui, qu’il était déjà dans The Truman Show. En guest-stars, Kirsten Dunst et Elijah Wood vivent une intrigue annexe assez peu passionnante.


Au final, les beaux moments du film ne parviennent malheureusement pas à faire totalement oublier ses défauts… mais ceux-ci ne parviennent pas, quant à eux, à gâcher les beaux moments du film. Reste donc un joli film pas totalement réussi mais très attachant.
Toxic.
 

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Films


REMISE A ZERO

Comment un homme seul peut-il changer le monde ? Telle est la question qui hante Bruce Wayne depuis cette nuit tragique où ses parents furent abattus sous ses yeux, dans une ruelle de Gotham City. Il cherche dès lors à se familiariser avec la mentalité et le comportement criminels, Bruce rencontre le mystérieux Ducard. Devenu son mentor, celui-ci l'initie aux disciplines physiques et mentales nécessaires à ses futurs combats. Bruce est bientôt invité à rejoindre la Ligue des Ombres, une puissante organisation subversive, adepte d'une justice expéditive, que dirige l'énigmatique Ra's Al Ghul. De retour à Gotham, Bruce retrouve une ville en décomposition, ravagée par le crime et la corruption. Dans l'intervalle, la plus proche amie d'enfance de Bruce, Rachel Dawes est devenue substitut du District Attorney. Cette jeune et courageuse idéaliste se bat pour obtenir la mise en examen des plus grands criminels de la ville, mais se heurte à un système judiciaire profondément corrompu, manipulé par des requins comme Carmine Falcone et son âme damnée, le brillant psychiatre Jonathan Crane, directeur de l'Asile d'Arkham.
Avec l'aide de son fidèle maître d'hôtel Alfred, de l'inspecteur Jim Gordon et de Lucius Fox, son allié au sein du département Sciences Appliquées des Wayne Enterprises, Bruce se fabrique un terrifiant alter ego : Batman, le justicier masqué qui utilise sa puissance, son intelligence et sa vaste panoplie high-tech pour combattre les forces maléfiques qui menacent sa ville de destruction…

Je pense que tout le monde ici connaît Batman, l’une des franchises grand public ayant connu le plus d’adaptations cinématographiques. Pour ceux qui n’ont pas eu le courage de voir les quatre premiers films, rappelons que les deux premiers, réalisés par Tim Burton, tiennent de l’aimable divertissement mais sans plus, le personnage central étant interprété par un Michael Keaton carrément ridicule. Lorsqu’un nouveau film est lancé, en 1995, c’est Val Kilmer qui endosse le costume du “Caped Crusader”, sous la férule d’un Joel Schumacher qui fait du travail de commande. Peu convaincant, l’acteur est remplacé par George Clooney deux ans plus tard pour un Batman & Robin (par Schumacher encore) catastrophique, et dont le seul atout est... Arnold Schwarzenegger en méchant. Les amoureux du bon cinéma et les fans du personnage pensaient, les uns rassurés, les autres résignés et désolés, que la franchise sur grand écran connaissait alors son ultime épisode. Mais la firme DC Comics, qui publie les aventures de papier du justicier de Gotham, face aux adaptations réussies des vedettes du concurrent direct, Marvel (en vrac, Spider-Man, X-Men...), lancent l’idée de l’adaptation d’un Batman vs Superman un peu utopique. Les scripts s’enchaînent, et c’est finalement David S. Goyer, scénariste de The Crow, Dark City, les trois Blade (il réalise même le dernier de la franchise). l’homme presque idéal, en résumé. Restait à trouver un réalisateur. De nombreux noms circulent, parmi les plus prestigieux, mais c’est finalement Christopher Nolan, auteur des excellents Following et Memento et du tout juste honnête Insomnia, qui récupèrera le bébé. Nolan est un peu comme Bryan Singer (X-Men) : un réalisateur touche-à-tout, peu adepte des effets spéciaux, plutôt tourné vers la psychologie de ses personnages. C’est en outre un artisan sûr, qui fait toujours des films intéressants, même s’ils manquent parfois de maturité.

Cela explique -en partie- que ce Batman Begins soit une grande réussite. Faisant table rase du passé, en clair des quatre aimables farces que constituent les films que j’ai cités en ouverture d’article, Nolan emmène notre justicier sur des chemins inédits, ceux du vrai cinéma, du grand spectacle, du réalisme tant formel que narratif. Et, élément inédit, le personnage-titre est ENFIN incarné par un acteur, un vrai. J’ai nommé Christian Bale, le psychopathe glaçant et glacé de American psycho, le justicier du Règne du feu et d’Equilibrium, l’ouvrier émacié de The Machinist, après avoir réellement débuté dans l’Empire du Soleil, de Spielberg. Pourquoi vous livrè-je la liste presque complète de sa filmographie ? Pour vous prouver l’étendue du répertoire de cet acteur gallois de 31 ans, à mon avis d’ores et déjà l’un des meilleurs de sa génération. Il explose littéralement dans Batman Begins, auquel il apporte l’intensité de son jeu, des performances physiques appréciables, et je suppose que cela intéressera mes lectrices, sa belle gueule. Bale, ex-Bateman d’American psycho, est donc le Batman des années 2000 (il a d’ailleurs resigné, comme tous les acteurs principaux, pour une suite). Il est flanqué d’un casting impressionnant, l’un des meilleurs du moment : le classieux et toujours charmeur Michael Caine, la mignonne Katie Holmes, le désormais irremplaçable Morgan Freeman, le caméléon Gary Oldman, le surprenant Liam Neeson, et l’un des acteurs à suivre, l’anglais Cillian Murphy. Le casting est complété par Rutger Hauer, qui assume enfin son âge après avoir incarné pas mal de méchants à l’écran, et Ken Watanabe (Le Dernier Samouraï).


Revenons sur chacun de ces acteurs. Michael Caine, qui joue un peu sur le même registre que Sean Connery, mais en moins cher, incarne Alfred, l’inamovible majordome/tuteur de Bruce Wayne, l’alter-ego civil de Batman. Il apporte au personnage beaucoup d’humour -y compris envers son employeur- et sa british Touch. Le point faible du casting est peut-être Katie Holmes (Dawson, Intuitions, The Phone Game) est un ton en-dessous de ses camarades de jeu. C’est une actrice de seconde zone, dont la carrière ne décolle pas. Plus encline à vanter les mérites de son scientologue de compagnon, Tom Cruise, qu’à parler de Batman begins, elle ne sera peut-être pas présente dans la suite des aventures masquées de Christian Bale. Cillian Murphy a surpris tout le monde dans le film 28 jours plus tard, de Danny Boyle (2003) ; cela lui vaut d’apparaître dans Retour à Cold Mountain, ou encore La Jeune fille à la Perle. Son visage angélique commence à être vu, et il campe dans notre film un Dr Crane assez inquiétant, un rôle ma foi plutôt surprenant. James Bond a son Q, Batman a désormais son Lucius Fox en la personne de Morgan Freeman. Cet acteur désormais reconnu campe une espèce de génie des techniques en tout genre, assistant malicieux et compère d’Alfred. Dans le prochain épisode, ces deux-là devraient composer un duo intéressant. Le protéiforme Gary Oldman (JFK, Dracula, le Cinquième Elément, Harry Potter 3, rien que ça !) incarne ici Gordon, le policier intègre (l’un des rares de Gotham City !) qui appelle Batman à la rescousse. Encore une fois, il est là où on ne l’attend pas, tout en nuances et au service du film. Et il est anglais, on a tendance à l’oublier... Autre surprise du film, la présence de Liam Neeson. Le “maître” de Bruce Wayne joue sur un registre assez ambigu, poussant le jeune milliardaire dans les cordes. Ca ne vous rappelle rien ? Acteur irlandais reconnu internationalement (La Liste de Schindler, Gangs of New York, Kingdom of Heaven...) est le maître d’Obi-Wan Kenobi dans la récente trilogie de Star Wars... Il manie plutôt bien le katana (sabre japonais), le bougre...


Face à cette masse de talent, il ne fallait pas rester à la traîne chez les techniciens. Christopher Nolan est au diapason, ayant musclé son jeu, filmant de près -trop près, parfois- l’action du film, nous proposant carrément 3 ou 4 scènes d’anthologie (la scène de la grotte, la poursuite de l’incroyable Batmobile sur les toits de Gotham -!!-, un travelling sur un Batman songeur, pareil à une gargouille...). Mais il n’a pas renié ses qualités premières : co-signant le scenario, il s’attarde -un peu- sur la psychologie de son héros, permettant de nous le rendre bien plus attachant. Les décors, sans être staliniennement cyclopéens, comme dans les Batman de Tim Burton, sont sobres et efficaces, et la nouvelle Batmobile vaut à elle seule le doup d’oeil. Les effets spéciaux n’envahissent pas l’écran à tout instant, mais savent rester relativement discrets, et sont bien faits. Le film est plongé dans une atmosphère inquiétante grâce à la musique de James Newton Howard et Hans Zimmer. Bref, si vous aimez le bon cinéma d’action un brin fantastique, ne passez pas à côté de ce très non film qui, malgré certaines longueurs, est une bonne remise à zéro de la franchise vedette de DC Comics.

Spooky.

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