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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Publié le par Spooky

 

Je suis allé voir le premier volet de cette nouvelle adaptation du chef-d'œuvre de Stephen King il y a deux ans, et j'en suis revenu avec une bonne impression, celle d'un beau boulot, un film qui respecte l'œuvre originale de l'auteur, mais propose également un spectacle de qualité.

 

Vous comprendrez dès lors que j'attendais ce deuxième épisode non avec impatience (car je connais les délais de production entre deux films d'une telle ampleur, la deuxième fût-elle enclenchée dès la sortie du premier), mais avec un vif intérêt. Je ne vais pas vous faire lambiner longtemps : on est sur les mêmes standards de qualité que lors du premier volet. Le fait d'avoir gardé le même réalisateur, Andy Muschietti, et le même scénariste, Gary Dauberman (un spécialiste des histoires d'horreur : il a scénarisé deux des métrages de la série Annabelle, et travaille sur la future adaptation d'un autre roman de King, Salem) n'y est sans doute pas étranger.

 

Il faut noter qu'en plus des séquences déjà vues dans le premier segment et d'autres inédites ont été intégrées à ce deuxième volet, qui du coup dure presque 3 heures. On ne les voit pas trop passer, tant le montage ne laisse que peu de répit au spectateur. Il y a en effet de l'horrifique, du monstre presque dans chaque séquence. Mais cela se justifie pleinement par l'histoire, jugez donc.

 

Nous avons fait un bond de 27 ans dans le futur, 27 ans après que les Ratés, après avoir vaincu la créature polymorphe qu'ils ont sobrement surnommée Ça et s'être juré de se retrouver au cas où celle-ci ressurgirait. Et c'est Mike Hanlon, le seul à être resté à Derry, qui joue le rôle d'alerte auprès de ses anciens amis. Lesquels avaient profondément enfoui dans leur mémoire ces événements traumatisants, même si une cicatrice profonde dans la main était censée contrer ce risque. A ce sujet ce pacte du sang est l'une des rares grosses libertés prises avec le roman de King, sans toutefois en dénaturer l'intérêt. Bref, revoilà nos Ratés quasiment au complet, quelque peu en état de sidération, qui apprennent que Grippe-Sou a refait son apparition et sauvagement massacré plusieurs enfants dans la petite ville de Derry. Et qui regardent, éberlués, Mike leur expliquer le rituel ancestral d'une tribu native locale, les Chipi... Kiri... Krakatoa... (bon, ça va me revenir), qui aurait assisté à l'arrivée de Ça, et trouvé le moyen de le détruire (sans y parvenir, curieusement). Mais pour accomplir ce rituel, chacun(e) d'entre eux doit récupérer un objet symbolisant leur enfance, et ainsi, quelque part, symboliquement, dire adieu aux  enfants qu'ils furent... L'occasion pour eux de retourner sur des lieux chargés de souvenirs douloureux, et donc d'affronter leurs démons, incarnés par cette même putain de créature polymorphe et de se retrouver là où tout a commencé... 

 

S'enchaînent donc beaucoup de scènes horrifiques, alternant entre les deux époques. Certaines foutrement réussies, d'autres plus clivantes, notamment du fait du caractère burlesque du personnage de Ça. Mais on ne peut y échapper : un clown, c'est ridicule. Par contre les scènes mettant en scène les adolescents sont toutes réussies ou presque, dans la dynamique du premier film où l'alchimie entre les jeunes acteurs était si évidente. Leurs homologues adultes sont plutôt corrects dans l'ensemble, même si l'interprète de Mike me semble un ton en-dessous ; mais c'est peut-être son rôle qui veut ça, lui qui doit faire moins de chemin mémoriel pour recouvrer toutes ses facultés. Parmi eux se trouvent Jessica Chastain et James Mc Avoy (oui, ce sont aussi des super-héros par ailleurs), qui ne tirent pas la couverture à eux. Bill Skarsgard, qui est lui sous le maquillage de Grippe-Sou, propose une composition dans le même ton que lors du premier film, sans toutefois égaler son glorieux devancier, Tim Curry, qui proposait une étincelle de folie supplémentaire dans le téléfilm des années 1990.

 

Il y a aussi quelques clins d'œil plus ou moins discrets à l'œuvre de King : une scène où Bev repousse une porte derrière laquelle se succèdent plusieurs incarnations de Ça (et pas seulement son père), mais aussi et surtout la présence de King lui-même dans une séquence de deux minutes, interagissant avec Bill Denbrough. Une séquence assez réussie, d'autant plus qu'il y règne une atmosphère assez humoristique.

Au final, il s'agit là, à mon humble avis, d'un bel hommage au travail de King, et d'un film en deux volets tout à fait regardable même si on n'aime pas l'auteur, d'autant plus que certains aspects ont été gommés ou atténués pour permettre au film d'être vu par le plus grand nombre. Mais les intégristes, crieront au sacrilège, à la trahison, mais une adaptation est en soi une trahison. Disons que cela aurait pu être bien bien pire.

 

A signaler qu'Andy Muschietti voulait sortir (en salles ? en DVD/blu-ray ?) une version final cut des deux films, d'une durée... de 6h30. Mais aussi produire une mini-série proposant de raconter les différentes itérations de Ça (tous les 27 ans depuis... des milliers d'années). Je reste circonspect quant à de telles considérations pharaoniques.

 

Spooky.

 

 

 

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Films

On sort un peu des lectures tolkiennesques pour un visionnage consacré lui aussi au créateur du Seigneur des Anneaux. Réalisé en 2001 par Robert di Napoli (ou par Chris Gormlie, les deux étant crédités à des endroits différents du générique de fin), il propose, par le biais de commentaires entrecoupés d'entretiens de spécialistes, proches et de Tolkien lui-même (!), de retracer la vie et l'oeuvre de celui que l'on finit par surnommer le Professeur. Influences, réception, figures héritage, l'éventail des sujets abordés est très large, mais surtout concentré sur le Seigneur des Anneaux.

 

Cela commence de manière inattendue, et ma foi plutôt maline, avec une description topographique d'une partie de la Terre du Milieu, les différentes contrées traversées par les protagonistes du Seigneur des Anneaux. L'animation en 3D est un peu rudimentaire, mais efficace. Les commentaires sont assurés face caméra (la moitié du temps) par Romain Bel, un jeune homme aux cheveux longs à la diction un peu difficile et au ton monocorde. Mais son expression s'améliore au fil de l'avancée du documentaire.

 

Parmi les intervenants, on notera :

- Aryk Nusbacher, un représentant de l'Académie militaire de Sandhurst (!), qui est un peu le commentateur principal, indiquant entre autres que Tolkien croyait que les mythes en disaient plus sur le monde que le réalisme. Ce dernier manque de profondeur, présente trop de facilités... Un autre point intéressant qu'il développe est la nature des Orcs, qui pour lui ne peuvent être rapprochés d'aucune ethnie existante, mais sont plutôt des créatures créées pour guerroyer, tuer sans faire de sentiments. En quelque sorte des allégories de certains soldats que Tolkien, puis son fils Christopher, ont pu croiser durant leurs années de guerre. L'allégorie s'étend à tous ceux qui font du mal à la société, à l'environnement (comme les constructeurs automobiles...).

- un certain Bob Blackham, spécialiste de Tolkien (auteur de plusieurs ouvrages sur le Professeur, membre de la Tolkien Society, animateur de Tolkien tours à Birmingham et Oxford), lequel évoque le contraste entre la campagne où Tolkien a vécu enfant, et la ville polluée et ultra-urbanisée ;

- Helen Kidd, critique littéraire, laquelle expose une théorie intéressante, selon laquelle la fantasy est moins bien appréciée par la critique littéraire que le réalisme ou la poésie du fait de ses origines : les couches populaires et la tradition orale.

- Ian Collier, autre représentant de la Tolkien Society qui parle des personnages du SdA, que certains détracteurs réduisent à des archétypes, en soulignant justement la nuance de leurs comportements, de leurs paroles ;

- Roger Dean, illustrateur, qui indique que l'écriture de Tolkien permet aux artistes de s'approprier complètement son univers, en laissant une grande part à l'imagination ;

- les membres de plusieurs groupes de rock inspirés par Tolkien ;

- Rayner Unwin, fils du premier éditeur de Tolkien, et celui qui a intercédé en sa faveur (à l'âge de 10 ans !) pour que le Hobbit soit publié ;

- John et Priscilla Tolkien, respectivement premier et dernier enfant de Tolkien, qui évoquent le rapport de leur père au succès phénoménal qu'il a remporté.

- John Ronald Reuel Tolkien lui-même, dans une video d'archive de la fin de sa vie, où il évoque les endroits où il a vécus (à Oxford et Birmingham) et qui ont irrémédiablement disparu.

 

Le documentaire est émaillé d'images d'époque, mais aussi de films de reconstitution plus ou moins réalistes, et curieusement retravaillés (pour des soucis de copyright ? ou pour masquer l'indigence des décors, des costumes et des "acteurs" ?), ainsi que d'illustrations -ma foi fort jolies- réalisées par les frères Hildebrandt. L'ensemble est assez intéressant, relativement bien structuré, malgré quelques raccourcis. On notera le dévissage en plein vol lorsque Romain Bel évoque "l'auteur de bandes dessinées bien connu Terry Pratchett"... Ainsi que la traduction systématique dans les sous-titres de "fantasy" en "fantastique".

 

En bonus on retrouve les illustrations des frères Hildebrandt... en deux fois plus petit que dans le documentaire, et les liens vers une dizaine de sites tolkienistes. Le DVD est accompagné d'un CD de musique et d'un livret contenant certaines des plus belles illustrations Hildebrandt.

 

Sympathique, sans être indispensable, bien que déjà daté.

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

Ma tolkienothèque continue à s'étoffer, et cette fois-ci c'est un ouvrage à vocation biographique qui est venu l'enrichir.

 

Michael Coren, chroniqueur radio canadien et auteur de biographies de Chesterton, CS Lewis ou encore HG Wells ou sir Arthur Conan Doyle, s'est donc attaché à nous conter, en 170 pages, la vie de l'un des auteurs les plus populaires au monde.

 

Ce n'est pas le premier ni le dernier ouvrage du genre, mais Coren est remonté un peu plus loin que ses collègues, en nous contant la rencontre et la jeunesse de Mabel Suffield et Arthur Tolkien, les parents du jeune John Ronald Reuel. La suite de l'histoire est connue : la naissance à Bloemfontein, ville du Comté d'Orange (actuelle Afrique du Sud), le départ en Angleterre de Mabel avec ses deux fils pour préserver la santé de Ronald, alors fragile ; le décès d'Arthur aux antipodes, avant d'avoir pu rejoindre sa famille, l'emménagement et les années heureuses à Sarehole, près de Birmingham. L'emménagement dans la grande ville, la disparition prématurée de Mabel, le séjour de Ronald et son frère Hilary chez leur tante, puis dans une pension de famille où il fait la connaissance d'Edith, une jeune pianiste belle comme le jour.
 

Puis viennent les études, pour lesquelles Ronald n'est pas très assidu, qui lui permettent d'entrer à Oxford, les fiançailles avec Edith, le mariage, puis le départ pour la guerre en France en 1915. Atteint de la fièvre des tranchées, Ronald est rapatrié en Angleterre, où il commence à développer son monde imaginaire, l'installation avec Edith, la carrière universitaire (il est professeur de vieil anglais et de philologie à Leeds, puis Oxford), la naissance de ses quatre enfants, la publication du Hobbit puis du Seigneur des Anneaux, la retraite universitaire, le départ des enfants devenus grands, la déclinaison de la santé d'Edith puis son décès. Et quelques années plus tard, le décès du Professeur lui-même.

 

Je vous ai fait la version courte, mais il ne s'est pas passé pas grand-chose de spectaculaire dans la vie de JRR Tolkien. C'était un homme au tempérament assez tranquille, qui aimait son petit chez soi, ses habitudes et la nature.  Un portrait assez peu contrasté donc, à prendre un peu avec des pincettes, car d'autres travaux sur sa biographie sont forcément plus nuancés. Coren s'attache donc essentiellement à sa vie, avec parfois quelques petites digressions pour parler un peu plus en détail d'une personne qui a eu une influence notable sur la vie de Tolkien, comme son ami CS Lewis, qui a également été l'un de ses premiers lecteurs et critiques, ou encore tel ou tel enseignant à Oxford. Des digressions parfois rallongées par des considérations d'ordre personnel, où Coren donne son avis sur la guerre ou la religion.

 

Malgré ces petits écarts de conduite, si on peut les appeler ainsi, l'ensemble est franchement agréable à lire.

 

Spooky

 

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Publié le par Spooky

 

Ce billet sera plutôt bref, puisque je vais vous parler d'un ouvrage d'une longueur modeste : 58 pages, écrites en (presque) gros caractères, au format de poche. Il s'agit de l'opus de la collection "De vie en vie" de la collection Milan consacré à l'auteur du Seigneur des Anneaux.

 

Celui a pour vocation de proposer aux préadolescents d'apprendre de façon très synthétique l'essentiel de la vie de figures très connues. Ce qui est fou, c'est que même en ayant lu la biographie officielle de Tolkien, après avoir lu un bouquin sur sa jeunesse, sur ses années en tant que soldat et avoir vu un biopic, j'arrive encore à APPRENDRE des choses dans un ouvrage aussi court. Des petits détails, rien de fondamental, mais c'est loin d'être désagréable. A noter que pour enjoliver leur récit et le rendre plus agréable à lire, Brigitte Labbé (écrivain) et Michel Puech (maître de conférences en philosophie à la Sorbonne) ont quelque peu romancé les faits, sans toutefois aller dans le mensonge ou le raccourci. Belle performance. Je recommande, même si l'ouvrage, qui date de 2004, n'est plus disponible.

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

Publié en novembre 2002, cet ouvrage surfe clairement sur la vague des films de Peter Jackson, puisque le second segment de son adaptation du Seigneur des Anneaux, à savoir Les Deux Tours, s'apprêtait alors à débarquer sur les écrans. Et ce n'est que justice, quelque part, puisque John Howe était, avec Alan Lee, le concept designer de la production. C'est à dire que les deux hommes, déjà illustrateurs reconnus de Tolkien, devaient fournir des milliers, voire des dizaines de milliers, de croquis afin de donner vie aux décors, designs d'armes, de costumes, engins, etc. des films. Si Tolkien a écrit l'histoire, c'est leur vision qui transparaît à l'écran.

 

Mais ce recueil ne comporte pas, ou si peu, d'illustrations ayant directement servi aux films. Certainement pour des questions de droits et d'exclusivité. Mais il n'empêche que Howe a abondamment illustré, et ce depuis ses 20 ans, en 1977, le Seigneur des Anneaux. Le croquis le plus ancien dans le recueil est d'ailleurs une représentation du duel opposant Gandalf au Balrog, sur le pont de Khâzad-Dûm, au fin fond de la Moria. Une scène iconique, qui l'a visiblement inspiré, puisqu'il y en a une demie-douzaine de variations dans l'ouvrage. Gandalf semble d'ailleurs avoir sa préférence, le magicien gris étant l'objet de sketches fort réussis.

 

John Howe donne, au travers d'un long entretien reproduit ici, un aperçu de son rapport avec l'art, de sa formation d'illustrateur (à Strasbourg, à l'Ecole des Arts Décoratifs, alors qu'il est originaire de Vancouver, au Canada), de son approche de l'oeuvre de Tolkien, etc. Deux personnes donnent par ailleurs leur avis sur son travail, et l'une d'entre elles n'est autre que Christopher Lee, l'interprète de Saroumane dans les films, et la seule personne du casting à avoir réellement rencontré Tolkien...

 

Au long d'environ 150 pages, Howe nous régale avec ses peintures si évocatrices, si puissantes, si visionnaires. Comme l'indique Stéphanie Benson, l'autre contributrice, l'une des peintures les plus connues de Howe est celle qui nous donne à voir Cul-de-Sac de l'intérieur, en direction de la porte d'entrée. Son dessin regorge de détails, et pourtant ces détails n'apparaissent pas chez Tolkien. C'est l'interprétation si juste de l'artiste qui donne une telle vie aux écrits du Professeur.

 

Ce bouquin est un véritable bonbon pour les yeux.

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

John Howe est l'un des meilleurs illustrateurs vivants, à mon goût. Le fait qu'il illustrât l'oeuvre de Tolkien depuis le début des années 1990 (au moins) n'est pas étranger à cette opinion. Il a ainsi pu travailler en tant que Directeur artistique sur les deux trilogies de Peter Jackson, avec l'autre grand illustrateur Alan Lee.

 

Né à Vancouver en 1957, diplômé de l'Académie des Beaux-Arts de Strasbourg et amateur d'architecture médiévale, Howe a rassemblé dans cet ouvrage de nombreux travaux autour de la figure mythologique et fictive du dragon. Loin de n'être qu'un simple catalogue d'illustrations, l'artiste s'est attaché à reprendre de nombreuses légendes faisant apparaître des vers, des wyrms, bref, les dragons sous toutes leurs formes. De Nidhoggr dans la mythologie nordique à Apophis chez les Egyptiens en passant par Fafner, nous avons droit à des petits exposés sur chaque créature et le decorum qui y est rattaché, ainsi qu'à -systématiquement- une illustration souvent superbe sur une double page, accompagnée de divers croquis, mais aussi de quelques indications sur la technique utilisée, des précisions qui intéresseront sans doute les apprentis Howe.

 



Mais la figure draconique n'est pas présente que dans les légendes ; ainsi celui qu'affronte Beowulf, le dragon de St Georges, ainsi, bien sûr, que dans les oeuvres de Robin Hobb, Ursula Le Guin, Anne Mc Caffrey (qui en a fait les personnages centraux de tout un cycle de romans que je vous recommande, la Ballade de Pern)... Avant de passer aux plus impressionnants, créés par Tolkien : Smaug le Doré, Glaurung, mais aussi les créatures volantes que chevauchent les Nazgûls. Ce ne sont pas des dragons, le terme ne leur a jamais été associé, mais Howe se permet cette petite auto-trahison en l'assumant complètement. On voit que Howe a une prédilection toute particulière pour ces créatures tolkieniennes, malgré le témoignage de Robin Hobb au sujet de ses dragons dessinés par l'illustrateur.

Ainsi avons-nous droit également à quelques digressions sur le symbolisme attaché au dragon ; tantôt incarnation du Mal des Enfers, tantôt garant de l'équilibre du monde, ou encore origine de nombre de phénomènes telluriques, symbole du paganisme... L'ouvrage est d'une richesse textuelle inattendue, elle vient compléter de manière passionnante une iconographie splendide.

 

Spooky

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Publié le par Spooky

 

Et oui, je continue à lire la littérature d'analyse de l'oeuvre de mon auteur préféré... Cette fois-ci je me suis attaqué à l'ouvrage écrit par Maria Florencia Rampoldi, qui, si je me fie aux maigres informations trouvées sur internet, semble être une chercheuse argentine. A priori ce sont ses seuls travaux relatifs au Professeur, mais je dois avouer que c'est loin d'être inintéressant.

 

En effet l'autrice s'est astreinte à recenser, après une introduction contant la biographie de Tolkien, tous les mythes ayant eu une importance notable dans l'écriture du Seigneur des Anneaux, du Hobbit, mais aussi du Silmarillion. Mythes nordiques, anglo-saxons, celtes, et même références bibliques, tout y passe. Dans l'absolu je n'ai pas appris grand-chose, mais l'érudition de l'ensemble est assez respectable, d'autant plus que Rampoldi cite largement ou fait de larges résumés de récits tels que le Kalevala ou la Voluspa, recueils de mythes nordiques. Un seul (gros) défaut, l'enchaînement direct des différents mythes concernés, avec seulement des intertitres pour respirer. Le résultat donne des gros pavés de textes, abondamment illustrés (un peu trop parfois) par des illustrations, des gravures des personnages des mythes cités, ainsi que des images des films de Peter Jackson (au détriment de ceux de Bakshi et autres adaptateurs, sans doute pour surfer sur la vague de l'époque...). On notera aussi que la traduction (non créditée) est parfois problématique, étant parfois trop littérale et utilisant des "faux amis".

 

En guise de fin, Maria Florencia Rampoldi essaie d'esquisser un rapide bilan chiffré de l'héritage de Tolkien, en citant certaines distinctions honorifiques et symboliques reçues, mais aussi en brossant un tableau de son héritage, entre jeux video, jeux de cartes, jeux de rôle, mais surtout les adaptations cinématographiques, en s'attardant sur les travaux de Bakshi mais surtout Jackson, par le biais de nombreuses anecdotes.

 

Intéressant, bien qu'un peu désordonné.

 

Spooky

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Publié le par Spooky

 

Chacun sait l’affection toute particulière que je porte au Seigneur des Anneaux, œuvre majeure de l’heroic fantasy. Son auteur, J. R. R. Tolkien, est surtout connu pour cet univers (prolongé et développé dans d’autres récits). Mais il fut aussi un enseignant émérite à Oxford, et une référence dans son domaine, la philologie. Cet ouvrage, paru en France en 2006, regroupe quelques-unes de ses conférences, et permet de comprendre quel fut l’impact de son travail dans ce domaine.

 

Collectés, présentés et édités par son fils Christopher, ces textes, rédigés entre 1931 et 1959, nous mènent au cœur de la philologie, l’étude des langues et donc de leur littérature. Car ces deux notions ne peuvent exister l’une sans l’autre. Bien sûr, il ne peut y avoir de littérature sans langue, car comment une création littéraire pourrait-elle s’exprimer sans support linguistique ? De même une langue n’est vivante qu’au travers de la littérature. C’est pourquoi Tolkien fustige, lors de son discours d’adieu à Oxford, la rivalité, voire l’antipathie, absurde, entre les étudiants en langue anglaise et les étudiants en littérature anglaise médiévale, par exemple.

 

Une époque, le Moyen-Âge, où l’auteur du Silmarillion a connu ses plus grandes joies de lecteur et de chercheur. En témoignent ses conférences magistrales sur Beowulf, une épopée nordique qui lui a largement inspiré son Seigneur des Anneaux, mais aussi sur Sire Gauvain et le Chevalier vert, un des récits majeurs de la légende arthurienne, détournée et popularisée par Chrétien de Troyes. Deux œuvres médiévales essentielles, qu’il connaît sur le bout des doigts.

 Voici d'ailleurs un extrait de sa conférence sur Beowulf :

En 1864, le révérend Oswald Cockayne écrivait au sujet du révérend Joseph Bosworth, professeur Rawlinson d'anglo-saxon : «J'ai essayé de prêter à d'autres la conviction que j'entretiens depuis longtemps, à savoir que dans sa spécialité, le révérend Bosworth n'est guère zélé au point de lire, comme il se devrait, les ouvrages... qui ont été imprimés dans notre vieil anglais ou prétendue langue anglo-saxonne. Pour un professeur, il peut très bien faire.» Ces propos d'un homme que le dictionnaire de Bosworth laissait insatisfait étaient sans aucun doute injustes. Si Bosworth était encore en vie, un Cockayne moderne l'accuserait probablement de ne pas lire la «littérature» relative à sa spécialité : les livres portant sur les livres écrits en prétendue langue anglo-saxonne. Les originaux, eux, sont pratiquement tombés dans l'oubli.

Rien de ceci n'est aussi vrai que dans le cas du
Beowulf, ainsi qu'on l'appelait autrefois. J'ai, bien entendu, lu Le Beowulf comme la plupart de ceux qui en ont fait la critique (mais pas tous), et cependant, dans ma spécialité, indigne successeur et héritier de la chaire de Joseph Bosworth, je crains de ne guère avoir été zélé au point de lire, comme il se devrait, tout ce qui a été imprimé sur ce poème, de près ou de loin. Mais je pense en avoir suffisamment lu pour avancer l'idée que si la littérature consacrée à Beowulf est riche en bien des domaines, il en est un où elle s'avère particulièrement pauvre : celui de la critique - critique directement orientée vers la compréhension du poème en tant que poème. On a dit de Beowulf lui-même que sa faiblesse réside dans le fait de placer les détails sans importance au centre et de rejeter l'important en marge. C'est une des opinions que je souhaite considérer tout particulièrement. Je crois qu'elle est profondément erronée dans le cas de ce poème, mais d'une vérité saisissante quant à la littérature qui lui est consacrée. Beowulf a été exploité comme mine de faits réels et imaginaires de façon bien plus assidue qu'il n'a été étudié comme oeuvre d'art.

Des œuvres et une période qui l’ont amené à se pencher sur le berceau du conte de fée (oui je sais, elle était facile). Définition, origines, place des enfants en tant que public, mais aussi notions essentielles, c’est un essai –nouvellement traduit-, qui a fait date.

 

Je parlais précédemment de la passion du professeur pour les langues. Celui-ci en a appris et maîtrisé un petit paquet. En plus de l’anglais mâtiné d’afrikaner de son enfance (Tolkien est en effet né dans une province située actuellement en Afrique du Sud), il apprit le français, l’allemand, l’espagnol, le grec modernes… et ses recherches l’amenèrent à s’intéresser au grec et au latin en tant que langues anciennes, ainsi qu’à l’ancien français, aux moyen et vieil anglais, à l’ancien norrois. Dans une allocution tout à fait brillante, il effleure les relations étroites entre les langues anglaise et galloise. Dans l’exposé suivant, il dévoilera quel fut son "vice secret" : l’envie de créer pour lui-même une langue complète, avec ses propres règles, qui soit totalement satisfaisante à ses yeux. Mais il avouera sa frustration de ne pas y être parvenu. Etrange humilité de la part de celui qui a inventé plusieurs langues –ou du moins leurs bases lexicales et grammaticales- qui sont aujourd’hui vivantes dans la littérature, le cinéma et les jeux.

 

Au final, j’ai bien aimé ce recueil. Il m’a permis d’en découvrir un peu plus sur un auteur que j’apprécie particulièrement, certains de ses aspects humanistes, mais aussi d’en savoir plus sur ses sources d’inspiration. Attention, certains passages de ce recueil sont d’une assimilation difficile. Je pense par exemple aux digressions sur la métrique poétique de Beowulf, ou sur certaines considérations linguistiques (au sens technique du terme) à propos du gallois. Enfin, et c’est un « tic » de chercheur relevé avec humour par Christopher Tolkien dans son avant-propos, il est à noter que ce cher John était incapable d’écrire un texte sans y adjoindre des notes de bas de page ou de fin d’article, voire des appendices copieux en fin d’ouvrage, comme dans Le Silmarillion. Un texte de Tolkien, qu’il soit empreint de fiction, que ce soit une lettre au Père Noël ou une explication de texte n’est jamais définitif ou entier, il est constamment biffé, annoté, corrigé. Et il faut croire que c’est contagieux, puisque la présente note a subi plusieurs modifications avant que vous puissiez la lire sur votre écran.

 

Pour conclure, je ne puis que vous renvoyer vers l’excellent site de Vincent Ferré, l’un des spécialistes français de Tolkien, lui-même enseignant en littérature médiévale (et moderne, puisqu’il s’occupe de la première moitié du XXème siècle), et qui dirige toutes les traductions et éditions concernant Tolkien chez Christian Bourgois depuis plusieurs années.

 

Spooky.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

La Chute de Gondolin est en quelque sorte la première grosse étape de la course au long cours que constitua, à terme, le Silmarillion. Le Légendaire de Tolkien était déjà en gestation, quelques petits textes avaient été rédigés, mais ce récit un peu particulier, dont l’écriture remonte à 1916-17, est le premier de grande ampleur que l’auteur place dans son univers. Loin d’être tranquille, l’écriture de ce récit majeur a subi de nombreux aléas, et au moins deux versions notables, entrecoupées par des évolutions plus ou moins importantes. La version définitive, si l’on peut la qualifier ainsi dans la mesure où elle est… inachevée, date ainsi de 1951. C’est ainsi que trois traducteurs sont crédités sur cet ouvrage : Tina Jolas pour la version définitive présente dans le Silmarillion, Adam tolkien (petit-fils de l’auteur) pour celle qui a été publiée une première fois dans le Livre des Contes Perdus (…), et Daniel Lauzon, retraducteur du Seigneur des Anneaux et du Hobbit, pour les ajouts et les commentaires (abondants) de Christopher Tolkien.

 

Gondolin est une cité elfique construite dans un endroit reculé par le roi elfe Turgon, sur les conseils du Vala (divinité) des eaux Ulmo. Mais le Vala Morgoth, devenu une entité assoiffée de pouvoirs, souhaite éradiquer les Elfes, et menace Gondolin, qu’il cherche en vain. Ulmo, craignant que ce ne soit qu’une question de temps, apparaît devant un humain errant, Tuor, afin qu’il trouve la cité cachée et prévienne Turgon du péril à venir. C’est ainsi que l’on suit les pérégrinations de Tuor dans le Beleriand (le continent qui précède la Terre du Milieu), qui rencontre l’Elfe Voronwë/Bronweg, lequel, ayant déjà été à Gondolin, le guide jusqu’à ses portes. L’accueil de Turgon n’est pas très chaleureux (les hommes ne sont pas bien considérés par les Elfes, c’est le moins que l’on puisse dire), mais Tuor peut néanmoins rester dans la cité cachée, dans un statut de semi-captif. Il épouse la fille de Turgon, Idril, laquelle lui donnera un fils, Eärendil. Mais le cousin de cette dernière, Maeglin, déteste Tuor, et c’est au cours d’une de ses promenades hors des Montagnes Encerclantes (ce qui est pourtant interdit) qu’il est capturé par les séides de Morgoth. Contre sa liberté et la promesse d’épouser Idril, Maeglin donne la position de la cité cachée. S’ensuit une bataille féroce à laquelle pourront échapper Tuor et sa famille, laquelle connaîtra une histoire mouvementée dans d’autres récits du Légendaire.

Mais pourquoi, donc, nous présenter ces différentes versions ? Parce que la première, intitulée Tuor et les exilés de Gondolin, est la seule à contenir l’ensemble de l’histoire, les errances du héros (qui ressemblent fortement à un voyage initiatique mais sont expédiées en quelques pages), sa découverte de la cité perdue, ainsi que l’attaque de celle-ci par les troupes de Morgoth et le destin de celles et ceux qui ont survécu à cette bataille. Le dernier texte, en revanche, est beaucoup plus détaillé en ce qui concerne le voyage de Tuor, et le point culminant est d‘ailleurs l’apparition d’Ulmo qui lui dicte sa mission au milieu d’une mer déchaînée.

Ce récit marque ses lecteurs par l’exubérance de son style, il propose de magnifiques descriptions des décors du Beleriand, jusqu’à l’arrivée de Tuor et son ami Voronwë à Gondolin, étape qui marque la fin, ou plutôt l’interruption de cette version, provoquant une grande frustration chez celui ou celle qui a eu la chance de lire ce récit. Celui-ci ayant été rédigé en 1951, on voit l’influence qu’a eu l’écriture de l’épopée sur le conte, mais aussi, malheureusement, les stigmates du projet avorté du professeur de voir le Silmarillion et le Seigneur des Anneaux publiés ensemble. 

 

Le sentiment général est effectivement le gâchis, car vue la qualité de la langue et la richesse des détails que Tolkien a pu mettre dans son conte, on ne peut qu’imaginer l’ampleur qu’il aurait pu avoir une fois achevé… S’il ne propose pas grand-chose de neuf par rapport au Silmarillion et aux Contes et Légendes inachevés (dans lesquels se trouvent les deux versions), cet ultime opus édité par Christopher Tolkien a le mérite de mettre en perspective les différentes versions d’une même (superbe) histoire.

 

Un petit mot sur les conditions d'édition de cet ouvrage. Curieusement, la Chute de Gondolin, qui est chronologiquement le premier des 3 grands contes écrits par Tolkien, est le dernier à recevoir une édition dédiée et détaillée. En effet en 2017, dans la préface de Beren & Lúthien, son fils Christopher annonçait qu’il en avait terminé avec les publications des œuvres de son père. C’est sans compter sur le poids des tolkienophiles, pour lesquels cette annonce annonçait la frustration de ne pas voir sortir en édition séparée le récit par lequel tout, ou presque, a commencé, à savoir celui racontant la chute de Gondolin. L’héritier Tolkien repartit donc pour un baroud d’honneur, et fit sortir l’ouvrage en 2018 (an anglais, en 2019 pour l’édition française), magnifiquement illustré par Alan Lee. Emotion et qualité sont bien sûr au rendez-vous.

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Films

Il aura donc fallu attendre plus de 45 ans après sa mort, six gros films adaptant son oeuvre et plein d'autres choses pour que le cinéma -hollywoodien- s'intéresse à JRR Tolkien, l'homme.


Car oui, derrière les oeuvres magnifiques que sont le Hobbit et le Seigneur des Anneaux, -entre autres-, se cache un homme qui est né dans l'Etat libre d'Orange (Afrique du sud actuelle), a vécu modestement dans la campagne anglaise, a étudié à Oxford, enseigné au même endroit, aimé, fait le con et la guerre, écrit... Tout cela, le réalisateur chyprio-finlandais Dome Karukoski (Tom of Finland) a tenté de le présenter dans un film explorant la jeunesse de l'auteur.


Le film débute dans la Somme, en 1916. Le premier conflit mondial s'enlise, au propre comme au figuré, et le Lieutenant Tolkien essaie de survivre à ce cauchemar éveillé. Il contracte bientôt la fièvre des tranchées, puis est gazé. Au fil de ses errances sur le front, au seuil de la mort, sa vie lui revient par flashes. Sa jeunesse modeste mais joyeuse avec sa mère et son frère Hilary près de Sarehole, dans le Worcestershire. Puis le départ pour Birmingham, grande ville polluée du nord de l'Angleterre, incarnation de l'Enfer pour Tolkien. Viennent la maladie et le décès de sa mère, la prise en charge par le Père Francis Morgan, la rencontre avec sa voisine Edith Bratt qui deviendra sa femme et les études à Oxford, avant le déclenchement de la Première Guerre Mondiale.



Il y a deux façons d'apprécier le film. Aucune n'est complètement la bonne ou la mauvaise. Mais la plupart des spectateurs se placeront d'un côté ou de l'autre, et leur appréciation s'en ressentira forcément.


La première est, je pense majoritaire : celle du grand public, qui ne sait rien de la vie de Tolkien et voudra en apprendre (un peu) plus. Cette portion va assister à un spectacle de qualité, mettant en scène un jeune homme de la société victorienne, courageux, avec plein d'amis, qui tombe amoureux d'une jeune femme charmante. Un jeune homme que la vie n'a pas épargné, mais qui a réussi, à force de témérité et de talent, à s'élever au-dessus de sa condition, et à faire de sa passion sa renommée (ce qui n'était pas forcément son objectif, notons-le). Une histoire pleine de bons sentiments, remarquablement bien filmée, avec des acteurs -de renom pour certains- qui font le job. Une narration rondement menée, centrée cependant sur l'amour et l'amitié. Des ambiances soignées, entre pubs douillets, universités à l'ancienne et champs de bataille. J'ai aimé la scène de l'opéra, même si elle est probablement inventée ou détournée. Les scènes avec ses amis du TCBS, le club secret qu'il forme avec trois autres étudiants de la King Edward's School, lesquels se poussent mutuellement à aller plus loin, à oser transformer leurs rêves en réalité, sont parmi les plus réussies également. J'ai aimé voir Tolkien boire de la bière, alors que ses amis boivent du whisky. j'ai aimé voir ceux-ci le surnommer "Tollers". Des détails, ou clins d'œil qui peuvent faire plaisir ou faire tiquer.



Car il y a de quoi tiquer, et même plus, pour peu qu'on connaisse l'histoire véritable de JRR Tolkien. Ce qui n'est tout de même pas difficile, tant les ouvrages biographiques de qualité (Tolkien, une biographie, par Humphrey Carpenter, Tolkien et la grande guerre, J. R. R. Tolkien à 20 ans...) sont sortis ces dernières années. Si le film propose deux passages iconiques de la vie du Professeur (la danse d'Edith qui lui inspire le personnage de Lúthien, les quelques mots jetés au verso d'une copie à corriger qui donneront naissance au Hobbit), ils sont mal amenés, ou plutôt chronologiquement mal placés. Le film joue d'ailleurs sur le flou artistique en ne proposant pas de repères historiques, hormis la bataille de la Somme, en 1916. Alors que l'action se situe grosso modo entre 1900 et 1930. Seul un "quelques années plus tard, à Oxford", placé dans la toute dernière partie du film, complète ces précisions, pour un saut dans le temps quelque peu surprenant, tant les années précédant la guerre ont été largement traitées. A cet égard le film aurait pu s'appeler "Young Tolkien" pour être plus proche de la vérité.

 

Quelques mots au sujet du casting. Le rôle-titre est tenu par Nicholas Hoult, acteur britannique connu principalement pour avoir incarné le Fauve dans la dernière génération des X-Men, enfin celle qui a pris le pouvoir dans First Class, puis dans Mad Max Fury Road. C'est donc ici son premier vrai premier rôle, et je dois dire que je l'ai trouvé plutôt convaincant. A ses côtés, Lily Collins occupe bien l'écran. Jolie, expressive, sensible comme l'était Edith, la fiancée de Ronald. Autour d'eux, une pléiade d'acteurs au diapason, avec une mention spéciale pour Anthony Boyle (alias Geoffrey Bache Smith, l'un des meilleurs amis de Tolkien), Colm Meaney, l'acteur irlandais qui a joué dans de nombreuses comédies sociales, ou encore Sir Derek Jacobi, acteur shakespearien qu'on a pu voir dans Gladiator, Le Discours d'un roi ou encore Cadfael. Un casting classieux.



Comme dans toute adaptation ou tout biopic, les scénaristes se permettent donc de tordre, de malmener l'ordre chronologique des choses pour donner une narration plus fluide, et probablement un peu plus glamour que la vérité. Mais ces largesses sont parfois très gênantes. Comme lorsque Ronald et Edith peuvent sortir et se balader dans Birmingham, alors que lui n'est pas majeur, et elle célibataire. Impensable à l'époque. Ou quand on adjoint au sous-officier Tolkien une enseigne totalement fictive, qui l'appelle Monsieur tout le temps et s'appelle Sam. (vous le voyez le GROS clin d'œil ?) Lorsque, pris de délire, Ronald croit voir des guerriers à cheval faucher ses camarades sur le Front (alors que Tolkien a toujours clamé haut et fort que le Mordor et ses personnages belliqueux n'avaient rien à voir avec la guerre)... Qu'un mur de sa chambre d'étudiant est couverte de dessins, de runes qui vont nourrir son Légendaire... Qu'on invente un trait  particulier dans le caractère de son ami Geoffrey Bache Smith... Des assertions qui biaisent totalement son rapport à la création... D'ailleurs, lorsque son imagination est la plus "visible", à savoir dans les tranchées, j'ai trouvé les scènes moins réussies... Il manque aussi des passages qui à mon sens, auraient tout à fait eu leur place dans ce biopic, comme le voyage qu'il fit avec une de ses tantes et son frère en 1911 en Suisse, qui lui a fortement inspiré Rivendell... Les passages avec Edith sont drôles ou émouvants, mais presque toujours faux, au regard de la réalité. Je pourrais vous en parler pendant des heures, mais cela ne vous intéresserait pas plus que cela. Retenez cependant le GROS défaut du contenu. On ne voit Tolkien écrire et créer -littéralement- qu'à une reprise. Alors que cela aurait dû être l'un des principaux arguments du film. Lequel s'achève donc

SPOILER

sur l'idée de la création du Hobbit. On a l'impression qu'il n'a pas fait grand-chose auparavant à ce niveau. Alors que lorsque le roman sort en 1937, Tolkien travaillait déjà sur son univers depuis 20 ans...

 

Fun fact : L'un des arrière-petit-fils de Tolkien, Kallum, joue un petit rôle dans le film, l'un des tout premiers à apparaître à l'écran. Par contre la famille Tolkien a fait publiquement savoir qu'elle n'avait rien à voir, et même qu'elle désapprouvait le film.


En résumé, un long métrage qui sur le plan artistique est plutôt bon. Si vous voulez en savoir plus, vraiment plus sur le vrai Tolkien, lisez les biographies déjà citées.

 

Spooky

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